Conservation, élevage, sélection et biodiversité de l'abeille noire européenne.

La conservation de l’abeille noire ne se décrète pas ! Elle ne peut réussir que par un ensemble d’actions cohérentes par rapport à la situation apicole actuelle. En un mot, la conservation de l’abeille noire est une question de stratégie… Pour illustrer ces propos extrêmement importants, cette page propose un article de Hubert GUERRIAT paru dans le revue Info-reines, n°74 (2006) de l’ANERCEA, et toujours d’actualité pour l’essentiel.

Conserver et promouvoir l’abeille noire, une question de stratégie !

En Belgique, comme dans d’autres pays, l’abeille indigène se trouve en présence d’autres races au sein de son aire de distribution. L’abeille buckfast et la carnica sont très utilisées, ainsi que la caucasica dans certaines régions limitées du pays. Face à l’expansion continue des races allochtones, l’abeille noire voit son aire de distribution de plus en plus réduite et fragmentée. Il reste actuellement peu de zones où son élevage reste possible sans croisement avec ces races allochtones ou leurs hybrides. Cette situation de plus en plus précaire de l’abeille noire risque bien de conduire à sa disparition.

L’abeille noire m’intéresse depuis mes débuts en apiculture, voici environ 35 ans. C’est en 1993 seulement qu’un groupe d’apiculteurs intéressés par l’abeille noire est constitué dans la région de Chimay (le groupe Mellifica) ; ce groupe donne finalement naissance à l’association Mellifica en 2004 au moment de la mise en place de la zone protégée de Chimay (voir carte). L’association Mellifica est une association sans but lucratif dont le statut juridique ressemble à une association loi 1901 en France. Dès le début, il a fallu vaincre un certain nombre de préjugés dont celui de l’existence même de l’abeille noire. Pour beaucoup, cette abeille n’existe tout simplement plus en Belgique. Cette attitude est confortable pour tous ceux qui élèvent une race allochtone : on ne peut plus les accuser de contribuer à la disparition de l’abeille noire ! Un article paru dans la revue « la Belgique apicole » a même comparé l’abeille noire au monstre du Loch Ness : tout le monde en parle et personne ne l’a jamais vue !

Les recherches de Lionel Garnery sont arrivées à point ! Garnery a en effet montré que l’abeille noire est bien conservée dans la région de Chimay. De plus, cette population, avec celle de Valenciennes, est une lignée évolutive originale par rapport aux autres populations. Enfin, Garnery a montré que la variabilité de l’abeille noire est très faible, ce qui rend urgent des mesures de conservation. Il n’en faut pas plus pour donner une base très solide à un travail d’étude, de promotion et de conservation de l’abeille noire dans la région de Chimay.

Sur le terrain, la conservation d’une race d’abeille est très complexe. Réussir un tel défi nécessite de travailler simultanément dans plusieurs directions. Le risque pour une association est de disperser ses moyens sans obtenir de résultats significatifs. L’association Mellifica dispose justement de très peu de moyens puisqu’elle fonctionne uniquement avec des bénévoles et ne reçoit aucune subvention. Pour utiliser au mieux ses ressources, l’association a donc établi un plan stratégique qui définit les orientations prioritaires et les actions à mener. La suite de cet article en présente une synthèse.

NB. Cet article a été publié en 2006. Certains éléments devraient donc être actualisés.

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