Conservation, élevage, sélection et biodiversité de l'abeille noire européenne.

Bilan hivernal désastreux. Vive l’abeille noire !


05/03/2015

Le journal « Le Soir » du mardi 3 mars titrait « hiver meurtrier dans les ruchers » et RTL, dans son journal de 13 h le même jour, faisait état de mortalités importantes dans les ruchers, parfois jusqu’à 80 % des colonies.

Une des causes invoquées pour expliquer cette hécatombe est simplement le climat. L’année 2014 aurait été trop douce et trop longtemps, jusqu’en automne. Les abeilles auraient continué à pondre et les varroas auraient poursuivi leur développement plus tard que d’habitude. En bref, les colonies n’ont pas pu se préparer à l’hiver et l’hiver a eu raison des colonies.

L’hiver à bon dos ! Déjà en 2013, de fortes mortalités printanières étaient expliquées par la longueur inhabituelle de l’hiver qui avait obligé les apiculteurs à nourrir leurs colonies en catastrophe et à enregistrer des mortalités anormales pour cause de famine (cf. Mellifica n° 105).

A y regarder de plus près, la véritable cause pourrait bien être ailleurs.  Et si nos abeilles manquaient simplement de rusticité ? Face aux aléas du climat, les plus gros dégâts sont généralement enregistrés chez les éleveurs de l’abeille Buckfast, une souche synthétique très en vogue, manquant de rusticité et déconnectée de la nature. Cette abeille n’arrête quasi pas de pondre si l’hiver est doux, ce qui rend les traitements contre varroa impossibles ou inefficaces avec des conséquences graves pour la survie des colonies.

Que ce soit à la fin de l’hiver 2012/2013, très long, ou de l’hiver 2014/2015, faisant suite à une année trop longtemps douce, les abeilles noires – indigènes en Wallonie – ont bien résisté. Tout simplement, cette abeille est rustique. Au printemps, elle ne reprend pas sa ponte à la première bouffée de chaleur. Elle l’arrête normalement à la fin de la miellée d’été, sans se laisser influencer par des températures automnales trop clémentes. Cette rupture naturellement longue de la ponte permet une bonne préparation à l’hivernage, réduit la charge en varroas et rend les traitements hivernaux très efficaces.

Cette sortie d’hivernage désastreuse est une nouvelle mise en garde ! C’est le moment ou jamais d’en revenir à l’abeille de chez nous, rustique, synchronisée sur les cycles naturels et plus résistante. Aller contre la nature en élevant des abeilles allochtones, inadaptées, c’est accepter aussi d’en payer le prix…